J’avais présenté il y a peu des réflexions sur « Le respect en médiation, superflu, besoin, nécessité ? ». Or, le respect, comme la médiation, est utile, voire vital, partout.
En vieux français, le mot « respect » signifiait « prendre en considération quelqu’un ou quelque chose ». On méritait, on incitait, on suscitait, on forçait, le respect.
Respecter, c’est aujourd’hui avoir de la déférence, de l’estime, des égards envers quelqu’un, un groupe ou soi-même.
C’est encore ne pas porter atteinte à quelqu’un, à un ordre établi, à une loi (ex. : le respect de l’ordre public). Le respect se donne, se prouve, se montre, respectivement et/ou réciproquement, d’une personne à une autre. C’est encore le don de pouvoir aborder les autres avec respect, tels qu’ils sont, de les apprivoiser quels qu’ils soient, sans peur des différences…
Ce principe est essentiel pour qu’une communication puisse s’établir entre deux ou plusieurs personnes. Il s’agit tant du respect des personnes entre elles et vis-à-vis du médiateur que du médiateur vis-à-vis des médieurs mais pas seulement.
Le respect est indispensable pour pouvoir comprendre le point de vue de son contradicteur. Il passe entre autres par la non-interruption de la parole de son interlocuteur, par l’usage d’un vocabulaire courtois, poli, en toutes circonstances.
Ce respect mutuel entre les participants à la médiation permet à la parole de circuler efficacement, à chacun de s’entendre et de se comprendre mutuellement.
C’est non seulement la prise en considération de la dignité humaine de son interlocuteur mais aussi de la sienne : savoir respecter les autres en les écoutant, en ne les agressant pas, permet d’être respecté à son tour.
De même, respecter la parole donnée, sa parole, permet de faire respecter les accords auxquels les participants se sont engagés en médiation ou dans un contrat.
Abordé sous son aspect « mutuel » en médiation, c’est la nécessité de l’indépendance du médiateur et de la confidentialité à laquelle sont tenus aussi bien le médiateur que les participants. On doit pouvoir parler en médiation sans s’interrompre, s’insulter, se menacer, s’agresser, verbalement ou physiquement.
Pour favoriser le respect mutuel, le médiateur invite les participants à parler à la première personne, le « je », tourné vers le ressenti personnel, au lieu du « tu », pointé vers l’autre, accusateur. Cela permet de centrer leur regard vers ce qu’ils ont vécu, ressenti, personnellement. S’écoutant mutuellement avec respect, ils pourront mieux comprendre quel a été l’impact du problème sur chacun d’eux et sur leur relation…
Respecter l’autre, respecter ses traditions, le reconnaître tel qu’il est, fait partie des principes qui rendent la médiation tout aussi incontournable et indispensable dans les relations familiales, sociales, commerciales, inter et intra-entreprises..
Si l’on prend le temps d’écouter ce que chacun a à dire, attentivement, si ce n’est avec empathie, on aura plus de chance d’être écouté de la même façon, avec respect.
Outre le respect mutuel, la médiation développe chez tous ceux qui la pratiquent un esprit de tolérance, en suivant des règles qui sont tout simplement celles de la politesse de tous les jours… En écoutant, on comprend mieux ce qui s’est passé,… ce que l’autre a à dire, ce qu’il a ressenti qui peut être totalement différent de ce que l’on a vécu, ressenti…
Au regard des exemples que nous donnent aujourd’hui tant des personnalités et certains groupes, il me semble que le respect devient un luxe. Pourtant sans lui, point de médiation, pire, point de vie sociale.
Repensant au poème de Rudyard KIPLING « If… » -Si… et tu seras un homme mon fils (ou ma fille)-, je me dois d’ajouter le respect de soi.
Sans respect des autres, point de respect de soi car pour supporter, côtoyer, respecter les autres, il faut commencer par se supporter, se côtoyer, se respecter, s’aimer soi-même.
Ce que nous montrent toutes ces personnes, tous ces groupes, qui tentent d’activer des haines contre les juifs, les noirs, les blancs, les pauvres, les riches, les migrants, les LGBT, les vieux, les jeunes, les « dedroite, les « degauche », les « dumilieu »… c’est qu’elles ne s’apprécient pas elles-mêmes, du moins, qu’elles ne se voient pas et ne voient pas les êtres tels qu’ils sont.
Ces personnes souffrent car elles n’ont pas d’existence individuelle. Alors, elles tentent d’exister au travers d’un groupe, du pouvoir qu’il leur donnent, sans se rendre compte qu’elles n’existent pas personnellement.
Ce sont souvent ceux-là que le médiateur rencontre. Tout son travail consiste alors à les aider à retrouver le respect d’eux-mêmes pour leur permettre de gagner leur « empowerment » comme disent les anglo-saxons, leur capacité à vivre leur propre vie. Retrouver son auto-détermination pour ne plus avoir besoin d’être menés par d’autres qui ne savent que détruire, haïr, ou pire encore, pour se sentir vivre.
Le respect est en soi une arme redoutable car il permet, en se respectant soi-même, de se faire respecter.
Le respect de soi, qu’est-ce que c’est ?
– Être capable de prendre soin de soi.
– Être propre sur soi et en soi,
– S’habiller simplement, être présentable sans qu’il soit besoin d’avoir beaucoup d’argent pour cela.
– Se regarder tel que l’on est avec ses qualités et ses défauts (les uns étant souvent le revers des autres).
– S’accepter tel que l’on est.
– Regarder ses semblables, leur parler (être capable de lever le nez de son portable).
– Ne pas se laisser influencer par les idées toutes faites que certains tentent d’imposer.
– Garder un esprit libre, critique, être capable de se faire nos propres idées, garder son libre-arbitre, son propre avis sans qu’il soit déterminé par d’autres.
– Savoir s’engager dans ce qui nous convient, dans ce qui nous plaît, savoir s’y tenir et poursuivre malgré les difficultés.
– Garder la tête haute quelles que soient les circonstances, sans aucun mépris ni condescendance.
– Savoir qui l’on est, ce que l’on veut… et ce que l’on ne veut pas…
Se faisant respecter, nous serons respectés par les autres qui nous regarderont alors différemment. Nous aussi, nous les regarderont différemment car nous n’aurons plus peur de leur regard. Alors…
SI « IF »… nous nous respectons et respectons les autres, nous serons capables d’être libres !
Rudyard Kipling le dit mieux encore en y ajoutant des « si » pour nous offrir le droit de choisir d’être… ou pas, dans le respect de tout ce qui vit sur notre petite planète bleue.