Ce qui motive beaucoup d’entre nous pour participer, chacun à sa façon, aux échanges nationaux, c’est bien le plus souvent le besoin, de se faire entendre, de faire partie de ceux qui œuvrent à l’évolution de notre pays, de la France. Et cet élan citoyen est remarquable, d’où qu’il vienne, quand il est sincère, vrai et franc.
C’est un fort besoin de justice, de dialogue, de proximité, d’humanité, qui voit le jour sous nos yeux depuis quelques années, encore plus fortement ces derniers temps.
On peut critiquer la façon dont se déroulent les évènements, y voir de la réappropriation par certains, un besoin d’être ensemble pour d’autres, c’est surtout un besoin de s’entendre, de se comprendre.Tout cela montre qu’il y a encore et toujours un bel élan vital dans notre pays, voire au de-là de nos rives car il semblerait qu’il n’y ait pas qu’en France que cela se passe. Cela existe aussi dans des contrées plus ou moins voisines qui l’ont vécu, qui continuent de le vivre, parfois avec une vive urgence.
Nous l’avons toujours vécu en France. Il est vrai que c’est notre nature. On peut aussi s’en enorgueillir. Cela signifie que nous, Français, ne pouvons pas être la proie des dictatures. C’est pour nous tout simplement « antinomique ». La dictature, quelle qu’elle soit, même sous sa forme la plus cachée, ne passera pas avec nous, de quelque bord qu’elle essaie sournoisement de nous atteindre.
Oui, nous sommes forts en gueule, oui nous sommes contestataires, oui nous ne sommes pas « domesticables ». C’est dans notre ADN.
Mais, pour être efficace et faire vraiment évoluer notre pays vers le meilleur, nous devons apprendre à mieux nous entendre, voire à nous écouter.
Savoir écouter quelqu’un, une personne ou un Peuple, est vital. Faut-il encore que l’on veuille bien « s’entendre », s’écouter. Car s’il n’y en a qu’un qui écoute pendant que l’autre pérore cela sera stérile, inutile, sans résultat.
Si vous jouez d’un instrument avec virtuosité tout seul, vous serez seul à vous entendre… avec vous-même.
En médiation, c’est un trilogue (à trois) dont il s’agit, plus qu’un dialogue (à deux). Je m’explique.
Si vous tentez de discuter avec quelqu’un avec qui vous êtes en contradiction ou en conflit, que se passera-t-il ? Rien. Chacun parlera pour lui sans entendre l’autre. On n’avancera pas.
Pourquoi écouter ?
– Pour montrer à l’« Autre » que ce qu’il dit est intéressant. Et non, cela ne vous mettra pas dans une position dangereuse. Pourquoi ?
– Parce que s’écouter les uns, les autres vous fera TOUS avancer vers une solution, des solutions que vous n’envisagerez pas si vous restez sur votre POSITION. Votre position qui est, la plupart du temps (si,si) irréaliste, non objective et/ou carrément fantaisiste.
Sachez que le traditionnel « il faut demander plus pour avoir le minimum » est totalement contre-productif. Vous ne ferez qu’augmenter l’opposition, augmenter l’animosité, vous ne paraîtrez pas crédible, donc pas fiable.
– Oui, c’est confortable une position mais cela à l’inconvénient d’être statique. Et vous le savez comme moi : « Si on reste sur place, on recule ».
– Alors pour avancer, il faut parler, mais pas seul ou dans le vide parler AVEC l’autre, les autres. Parler de ses VRAIS BESOINS, de ses VRAIS INTERETS, de ses VALEURS, son RESSENTI, ses EMOTIONS. Et écouter avec attention ce que dit l’Autre même si on ne partage pas son point de vue.
Non, on ne consulte pas son téléphone, on ne pense pas à ce qu’on va lui balancer dans les dents ! Et Toc !
Alors seulement, vous serez entendus, compris, reçus 5/5.Vous accèderez à plus de proximité dans vos relations car vous serez vrais, objectifs (autant qu’on puisse l’être, pauvres bêtes humaines que nous sommes) et donc vous serez écoutés, compris, crus bien davantage et on acceptera d’interagir avec vous, de rechercher une solution avec vous.
– Cette Proximité que tous recherchent aujourd’hui, visible chez les Gilets Jaunes qui revendiquent leurs nouvelles relations, leurs amitiés, leurs amours, nés de cet élan, de ce mouvement fait de fraternité, mais aussi d’équité et de liberté, nous est indispensable. Nous sommes des animaux, et donc grégaires par essence. Comment faire pour maintenir cette proximité dont nous avons besoin ?
Cette proximité est revendiquée par des personnes qui ne veulent plus être dirigés « d’en Haut ». Réclamant plus de proximité, plus d’horizontalité dans les décisions, plus d’humanité dans les rapports entre êtres humains, ils sont de simples citoyens ou des décideurs.
– Cette Humanité qu’ils souhaitent veut dire « respect » de l’autre, de tous, de tout ce qui est vivant, qui que nous soyons. Une humanité qui se conjugue aux temps du Respect, de la Tolérance, de la Non Violence et de la Bienveillance. Une humanité sans laquelle rien de raisonnable, de vivant, ne peut se construire et durer.
– Cette humanité sans laquelle la Justice ne peut exister.
La justice qui semble s’appauvrir, se réduire comme peau de chagrin, ne fait en réalité que changer de visage, de vêtements. Elle ne veut plus de ses oripeaux. Elle veut voir ses ouailles. Ne plus rendre la justice de façon aveugle, un aveuglement qui l’a rendue inhumaine. Elle veut avoir de nouveaux habits, de nouveaux outils que lui apportent les Modes Alternatifs de Règlement des Conflits : la conciliation, l’arbitrage, la négociation, le droit collaboratif, la procédure participative, la médiation.
La Justice change parce que nous changeons. Notre rapport à l’autre a évolué. Qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite, là n’est pas la question. Nous savons que nous ne pouvons pas retourner en arrière, nous arrêter (renvoi au début de ce texte : Quand on s’arrête, on recule. Vous suivez, bravo !). Nous devons considérer cette opportunité, cette porte qui s’ouvre devant nous, avec enthousiasme.
(Petite explication pour les nouveaux : le conflit n’est pas un handicap mais une ouverture, pas un blocage mais une opportunité.)
Cette porte nous fait peur : c’est normal. On se demande ce qu’il y a derrière : c’est normal. Notre cerveau primaire d’animal reprend le dessus et nous met en position de défense vis à vis de ce que nous ne connaissons pas : c’est normal !
Ce qui ne serait pas normal serait de s’arrêter là. Et, si on s’arrête… Oui, vous avez compris !
Alors ne nous bloquons pas devant cette nouvelle Justice ? Qu’a-t-elle de nouveau ? TOUT : Elle répond à vos attentes, elle est proche de vous, elle est humaine et s’intéresse à vos problèmes, totalement humains eux aussi, que la loi rigide et impersonnelle ne peut régler.
C’est en cela que tout le monde veut que ces MARC prennent plus de place. C’est pour cela que la médiation est autant mise en exergue car elle seule répond à toutes vos aspirations.
– Les MARC et la Médiation viennent en aide à une justice qui veut de nouveaux habits, de nouveaux outils, tout en restant ce qu’elle est et qu’elle doit être : la Justice.
La médiation est en cela un mode de justice amiable, proche de vous, pratiqué avec vous, par vous, qui, grâce à la présence d’un tiers neutre, indépendant, impartial, respectueux de la confidentialité, vous aidera à cheminer, à dialoguer les uns avec les autres. Et c’est vous qui choisirez, entre vous, anciens adversaires devenus partenaires, une solution à votre dimension, humaine, dans le respect et dans l’intérêt de tous et de chacun. Vous réussirez même à « agrandir le gâteau », en trouvant bien souvent une solution à laquelle chacun, isolé de son côté, n’aurait jamais pensé !
Un exemple rapide : Un couple vient me voir pour divorcer. Je leur parle de la médiation et je leur explique le processus et les outils de la médiation en soulignant qu’ils auraient avantage à se parler en essayant de respecter les règles simples de la politesse : ne pas s’interrompre, ne pas s’invectiver, s’écouter avec attention. Ils partent en me disant qu’ils vont essayer de suivre mes conseils. Quelques semaines plus tard, ils m’ont indiquée avoir pu dialoguer, s’être écoutés, avoir entendu les attentes de chacun et … ne plus vouloir divorcer.
ESSAYEZ et vous vous rendrez très vite compte qu’ « ESSAYER c’est l’ADOPTER » ! (la médiation est plus rapide et moins chère qu’un procès).