En vieux français, le respect signifiait « prendre en considération quelqu’un ou quelque chose ». On méritait, on incitait, on suscitait, on forçait, le respect. Respecter, c’est avoir de la déférence, de l’estime,des égards envers quelqu’un, un groupe ou soi-même. C’est aussi ne pas porter atteinte à quelqu’un, à un ordre établi, à une loi (ex. : le respect de l’ordre public). Le respect est accompagné de la politesse. Il est considéré comme le fondement de la vie en société. Il se donne, se prouve, se montre, respectivement et/ou réciproquement, d’une personne à une autre. C’est encore le don de pouvoir aborder les autres avec respect, tels qu’ils sont, de les apprivoiser quels qu’ils soient, sans peur des différences. Est-ce superflu ?
C’est aussi le besoin de respect des règlesde la médiation.
Ce principe est essentiel pour qu’une communication puisse s’établir entre deux ou plusieurs personnes. Il s’agit bien sûr du respect des personnes, du respect du médiateur vis-à-vis des médieurs mais pas seulement.
Le respect est indispensable pour pouvoir comprendre le point de vue de son contradicteur. Il passe ainsi par la non-interruption de la parole, par l’usage d’un vocabulaire courtois, être poli, en toutes circonstances.
Ce respect, qui se doit d’être mutuel entre les participants à la médiation, permet à la parole de circuler efficacement, à chacun de s’entendre et de se comprendre.
C’est non seulement la prise en considération de la dignité humaine de son interlocuteur mais aussi de la sienne. Savoir respecter les autres en les écoutant, en ne les agressant pas, permet d’être respecté par les autres médieurs. De même, respecter la parole donnée, sa parole, permet de faire respecter les accords auxquels les participants se sont engagés en médiation ou dans un contrat.
Abordé sous son aspect « mutuel » en médiation, c’est la nécessité de l’indépendance du médiateur et de la confidentialité à laquelle sont tenus aussi bien le médiateur que les participants. On doit pouvoir parler en médiation sans s’interrompre, s’insulter, se menacer, s’agresser, verbalement ou physiquement. La médiation donne la possibilité de s’expliquer, se comprendre, afin de devenir créateur de solutions pour un futur éventuel.
Le respect est une des déterminantes de la justice coopérative, participative. Jean-François Roberge, professeur à l’université de Sherbrooke à Montréal, lui donne trois dimensions, chacune couplée avec une valeur. L’une de ces dimensions est l’interaction des participants avec, pour valeur centrale, le respect qu’ils se doivent. Pour favoriser le respect mutuel, le médiateur invite les participants à parler à la première personne, le « je », tourné vers le ressenti personnel, au lieu du « tu », pointé vers l’autre, accusateur. Cela permet de centrer leur regard vers ce qu’ils ont vécu, ressenti, personnellement. S’écoutant mutuellement avec respect, ils pourront mieux comprendre quel a été l’impact du problème sur chacun d’eux et sur leur relation.
La médiation, outil utilisé internationalement, a toujours fait partie de la trousse à outil de la résolution de conflits. La reconnaissance des cultures et des traditions, le respect des coutumes, le respect de l’autre qui sous tendent la médiation, sont autant d’atouts. Respecter l’autre, respecter ses traditions, le reconnaître tel qu’il est, font partie des principes qui rendent la médiation aussi incontournable et indispensable dans les relations familiales, sociales, commerciales, inter et intra-entreprises. Il semble que la médiation ait de tous temps été utilisée pour aider à régler des conflits, apaiser des tendions, (r)ouvrir un dialogue.
La médiation, que certains découvrent aujourd’hui, démontre, de par sa mutabilité et son adaptabilité, sa pertinence au quotidien. Si l’on prend le temps d’écouter ce que chacun a à dire, attentivement, avec empathie, on aura plus de chance d’être écouté de la même façon, avec respect.
Outre le respect mutuel, la médiation développe chez tous ceux qui la pratiquent un esprit de tolérance, en suivant des règles qui sont celles de la politesse de tous les jours : on ne coupe pas la parole de la personne qui s’exprime, on écoute ce que son adversaire a à dire même si on n’est pas d’accord avec ce qui est dit. En écoutant, on comprend mieux ce qui s’est passé, plus posément ; cela apaise le conflit.
Le silence est une autre marque de respect qui permet de mieux recevoir, comprendre, apprécier, ce(ux)qui nous entoure(nt). Dans le silence, on écoute mieux, on perçoit mieux le langage verbal et non verbal de notre interlocuteur. On saisit mieux les nuances de ses mimiques, de ses expressions, on peut même percevoir son ressenti.
Exemples de cas où le respect permet la poursuite du processus de médiation
- Respect, excuses et pardon : Insultes entre employé et patron.
« Vous m’avez insulté devant le personnel. J’exige des excuses avant d’entamer toute discussion ! ».
La notion de respect fait parfois intervenir celles d’excuses et de pardon. Les excuses sont souvent un des prémices nécessaire avant même d’entamer le processus de médiation.
Comme m’a dit un ami : « Ce n’est pas celui qui présente des excuses qui fait un don, qui est magnanime, c’est celui qui les accepte ». C’est sans doute autant l’un que l’autre
- Respect et courtoisie : Dire bonjour.
« Vous ne dites même pas bonjour en entrant le matin ! »
L’oubli d’un simple « bonjour » en se croisant, en entrant quelque part, peut créer une atmosphère délétère qui envenime le climat dans une entreprise, une école…
- Respect, reconnaissance et remerciements : Reconnaître le travail effectué, la valeur d’un personne.
« Je reconnais le bon travail effectué par ma secrétaire, la gentillesse de ma femme, le dévouement de ce bénévole… ».
Cette simple phrase de reconnaissance peut dénouer bien des tensions et ouvrir la porte à une solution, une réconciliation.
Le respect revêt bien des formes :
Reconnaissance, remerciements
Excuses
Silence
Pardon
Estime
Courtoisie
Tolérance